En phytothérapie ayurvédique, on utilise les cinq états de la matière comme méthodologie de classification des plantes. Ce même système sert également à comprendre l’individualité et le métabolisme d’une personne, afin d’élaborer un traitement par les plantes efficace…
La méthodologie utilisée pour déterminer la nature individuelle d’une personne ou Prakriti demande que nous observions ses fonctions et son métabolisme. Cela demande une compréhension à la fois de la personne et de la maladie qui l’affecte. Selon l’Ayurveda, nous pouvons traiter la personne, la maladie ou les deux en même temps.
L’Ayurveda utilise les trois humeurs ou doshas afin de comprendre la constitution de naissance ou natale de l’individu et adapter le traitement. Nous pouvons observer cette constitution par l’intermédiaire de la fonction métabolique et par la forme et la structure du corps. La médecine grecque antique a emprunté et utilisé ce concept de médecine constitutionnelle et de théorie humorale. Cependant, l’Ayurveda a pratiqué et amélioré continuellement son approche constitutionnelle alors que le système grec antique s’est transformé en médecine biochimique moderne.
En phytothérapie ayurvédique, l’utilisation des plantes s’adapte à la constitution d’une personne. En voici deux exemples : la racine de pissenlit et le romarin, plantes dont les bienfaits sont connus depuis longtemps...
En phytothérapie ayurvédique, une plante courante comme la racine de pissenlit (Taraxacum officinalis) est classée comme diurétique, amère, tonique, stimulant hépatique et laxatif doux. D’après le système constitutionnel, la racine de pissenlit fonctionne très bien pour les types Feu et Eau, mais on ne peut pas la donner aux personnes de type Vent ou Air (Vata) à moins de l’équilibrer avec d’autres plantes. Cela est dû à son puissant goût amer, qui augmente les éléments Air et Ether.
Un autre exemple est l’utilisation du romarin (Rosmarinus officinalis) qui est diaphorétique, stimulant, carminatif et emménagogue. Le romarin fonctionne très bien pour stimuler le métabolisme digestif des types Air et Eau (Vata et Kapha), mais est trop chauffant pour la plupart des types Feu. Toutes les plantes piquantes et chauffantes auront tendance à aggraver les types Feu, à moins de les équilibrer avec d’autres plantes dans une même formule.
La différence fondamentale entre la phytothérapie ayurvédique et la phytothérapie occidentale est la reconnaissance du principe de l’intelligence de la vie et de la nature.
La médecine occidentale, dans son ensemble, utilise un modèle mécanique de l’univers alors que l’Ayurveda reconnaît la conception d’intégralité et d’unité, qui est soutenue par une intelligence consciente. Dans une certaine mesure, l’Ayurveda comprend et utilise l’approche mécanique, mais considère qu’il s’agit cependant une façon limitée de comprendre l’univers.
L’Ayurveda considère que la vie est constituée de forces interdépendantes complexes et qu’elle n’est pas une forme de structure statique où des individus construisent des éléments (tels que des cellules, des atomes, de l’ADN etc.). Lorsque nous essayons d’examiner des parties individuelles, comme le fait le système mécanique, cela ne nous aide pas à comprendre la santé dans son ensemble parce que la santé n’est pas limitée à des parties. Selon l’Ayurveda, aucune partie ne peut être considérée indépendamment du système auquel elle appartient et qu’elle soutient.
Par exemple, chaque forme de matière est dépendante des autres. Les quatre états principaux de la matière, le solide, le liquide, la transformation et le gazeux, sont tous présents dans l’espace. C’est l’interaction constante et dynamique existant entre eux qui forme l’univers. Les trois humeurs dirigent et contrôlent cette action dynamique afin de promouvoir la santé ou de provoquer des maladies.
Par conséquent, en phytothérapie ayurvédique, il est possible de favoriser un état de santé dynamique en soutenant l’humeur dominante du corps à l’aide de plantes correspondant à cette humeur. Le choix des plantes que nous faisons, pour n’importe quelle maladie, devient beaucoup plus précis lorsque nous comprenons la constitution de la personne que nous traitons ainsi que l’interdépendance de ces plantes avec l’intelligence du corps. Les cinq états de la matière nous fournissent les clés nécessaires pour utiliser les plantes de cette manière. Finalement, cela nous conduit à nous interroger sur le concept même de la santé. En Ayurveda, la santé est définie de façon dynamique et évolutive, elle n’est pas une simple absence de maladie. Grâce à l’intelligence inhérente qui se trouve à l’état latent dans les plantes, et lorsque celles-ci sont utilisées conformément à la constitution de la personne, elles deviennent extrêmement efficaces pour promouvoir une véritable santé.